Ideologie importée ? pas sûr

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a muvra 1929
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Ideologie importée ? pas sûr

Message da a muvra 1929 »

En réponse à ceux qui affirment que certaines idées sont importées voici des prises de positions qui datent de plus d'un siècle
En aucun cas je ne fais l'apologie de quoi que ce soit mais je tiens à rectifier en tant que passionné de l'histoire de Corse une contre vérité
Ceci est un extrait de langue et identité de Jean Paul Pelegrinetti
À la fin du XIXème siècle alors que se propage dans l'île, par l'intermédiaire d'élites nouvelles d'obédience républicaine, un modèle, une idée, un parti et une sociabilité, les premières formes de rejet de l'Etat centralisateur et des institutions françaises voient le jour sous les traits du régionalisme dont l'un de ses principaux vecteurs est celui de la langue : une langue corse, en opposition à l'utilisation de la langue française, synonyme d'appartenance à l'unité nationale.

2 Cette naissance d'un régionalisme qui s'oppose au concept "une Nation, une langue", se présente véritablement comme la base de revendications identitaires que l'on retrouve durant l'entre-deux-guerres, puis à partir des années 1970 à nos jours, avec une redécouverte du patrimoine culturel, celle de héros comme Pascal Paoli, symbole d'une Patrie indépendante1, ou la formation de nouveaux groupes musicaux dont la langue corse constitue l'unique support vocal.

3 À l'heure actuelle, alors que les langues minoritaires sont très largement au centre des discussions et des revendications régionales (2), le concept "ma Patrie c'est ma langue” , sous-entendu "mon identité” , développé par le nationalisme insulaire, s'insère dans un courant de pensée dont l'origine remonte à la fin du dix-neuvième siècle avec la parution du premier journal en langue corse définissant ainsi les critères de l'identité, à travers les registres du politique, de l'économique, du social et du culturel.

4 À la fin du dix-neuvième siècle, synonyme de profondes difficultés économiques et d'un départ massif d'insulaires pour échapper à la misère (3), l'île est secouée par des mouvements antirépublicains qui n'hésitent pas à la qualifier "d'île oubliée" ou "d'île abandonnée" par les autorités étatiques opportunistes. Pour La République, journal bonapartiste, la comparaison entre l'empire colonial et la situation conjoncturelle de l'île s'impose progressivement :

« Tandis que les millions s'ajoutent aux millions dans l'intérêt de nos possessions lointaines, la Corse, qui commande la route de l'Algérie et qui est comme la sentinelle avancée de la France dans la Méditerranée, la Corse, département français, est bien moins traitée qu'une colonie » (4.)

5 Pour les anti-opportunistes, l'état "d'île oubliée", diffusé de manière hebdomadaire par les journaux conservateurs, est alors destiné à cimenter et à structurer un électorat capable, de s'élever et de déstabiliser de manière progressive la République et ses principaux représentants (5).

6 C'est dans ce contexte de difficultés économiques, de régression sociale et d'accentuation des rouages clientélistes, que, le 11 octobre 1896, sur les presses du bonapartiste Jean Zevaco à Ajaccio, voit le jour A Tramuntana fresca e sana (La Tramontane, fraîche et saine). Hebdomadaire politique, humoristique, satirique et littéraire, entièrement rédigé en langue corse, A Tramuntana, est créée par Pierre-Toussaint Casanova, dit Santu Casanova6. Son programme dénonce la situation économique, sociale et politique de l'île. Santu Casanova désire œuvrer pour la "purification de l'air dans lequel évolue la société insulaire" (7).

7 Avec A Tramuntana correspond la naissance d'un régionalisme départemental alimenté notamment par l'essor de la politique nationale menée par les républicains gouvernementaux et soutenue dans l'île par les arénistes. Le combat de Santu Casanova est celui mené avant tout contre la République, un combat qui le mène souvent sur les chemins de la xénophobie, de l'antisémitisme, de l'antimaçonnisme et de la défense du religieux face à laïcisation de la société. Mais la naissance de A Tramuntana correspond également à une volonté de faire du corse une langue écrite nécessaire dans la construction de l'identité du "Peuple corse".

8 Car jusqu'à la chute du second Empire, trois langues sont utilisées dans l'île par les populations aussi bien rurales, qu'urbaines : l'italien, le corse et le français. Si le corse n'est utilisé qu'à l'oral, l'italien conserve une co-officialité avec le français au niveau de l'écrit durant pratiquement tout le dix-neuvième siècle. La langue officielle utilisée par l'administration et les forces représentatives du pouvoir central est alors le toscan. Il convient de rajouter également que l'imprégnation de la langue et de la culture italienne, due la présence génoise durant plusieurs siècles, à laquelle s'est rajoutée le manque de développement scolaire et l'insularité, a contribué tout au long du dix-neuvième siècle à retarder les effets du développement du français.

9 En 1805, comme le souligne Michel Casta, le décret impérial du 18 mars autorise le bilinguisme italien et français en raison de l'impossibilité d'appliquer dans l'immédiat l'arrêté du 13 juin 1803 imposant dans un délai d'un an après sa publication, la rédaction de tous les actes officiels en français8. Durant cette première moitié du dix-neuvième siècle, et il en sera pratiquement de même jusqu'aux première années du vingtième siècle, l'utilisation du corse demeure le domaine de l'oralité. Il est à la fois la langue laissée au peuple, la langue représentation du peuple, mais également celle utilisée par les élites dans leur relation avec la base. Durant le règne de Napoléon III, et même durant les premières années de la troisième République, les élites insulaires majoritairement fidèles au bonapartisme demeurent de culture italianisante, et nombreux sont les écrits littéraires et journalistiques qui paraissent ainsi en italien.

10 L'enracinement de la troisième République, avec l'oeuvre scolaire, le service militaire et la conquête coloniale, permet au français devenir véritablement la seule langue officielle et écrite. Elle devient celle de la presse insulaire, des professions de foi des élites politiques ou celle utilisée par les populations pour l'ensemble des inscriptions des monuments aux morts érigés aux lendemains de la Grande Guerre.

11 Mais le journal de Santu Casanova n'est pas uniquement une simple feuille servant de support à quelques prétentions locales. La démarche et surtout l'idéologie de son fondateur s'inscrivent dans un courant beaucoup plus large où la Corse n'est pas exclue. Il s'agit, en effet, de la naissance de cette nouvelle droite ou droite révolutionnaire, décrite par l'historien Zeev Sternhell (9), dont les premières manifestations sont, comme l'indique Michel Winock, "l'antisémitisme populaire animé par Drumont et le mouvement plébiscitaire, incarné par Boulanger" (10). Les thèmes du sang, de la race, de l'instinct deviennent les principaux piliers fondamentaux du discours politique de cette droite révolutionnaire dont est porteur le journal de Santu Casanova à l'aube du XXème siècle. Dès les premiers numéros du journal, Santu Casanova s'entoure de quelques collaborateurs. Parmi eux Jean-Baptiste Marcaggi, journaliste également à la Libre Parole d'Edouard Drumont.

12 À la fin du XIXème siècle, en effet, alors que se propage dans l'île, par l'intermédiaire d'élites nouvelles d'obédience républicaine, un modèle, une idée, un parti et une sociabilité, les premières formes de rejet de l'Etat centralisateur et des institutions françaises voit donc le jour sur la base de revendications identitaires dont l'un de ses principaux vecteurs est celui de la langue : une langue corse, en opposition à l'utilisation de la langue française, synonyme d'appartenance à l'unité nationale. Cette naissance d'un régionalisme qui s'oppose au concept "une Nation, une langue", se présente véritablement, nous l'aborderons et l'analyserons ultérieurement, comme la base de revendication identitaire que l'on retrouve durant l'entre-deux-guerres avec le mouvement corsiste de Petru Rocca.

13 En 1896, avec la parution de A Tramuntana les critères de l'identité, sont ainsi définis à travers les registres du politique, de l'économique, du social et du culturel. L'hebdomadaire rédigé entièrement en langue corse doit servir à faire du corse une langue écrite et donc de ce fait à mettre en place les bases de l'identité.

14 Ainsi, pour Santu Casanova, la langue revêt une importance capitale pour que puisse exister ce qu'il nomme déjà comme "le Peuple corse". Langue et peuple sont intimement liés pour la défense de l'originalité identitaire. La langue devient la véritable composante de l'identité corse. Santu Casanova précise :

« Comme les Basques des Pyrénées, comme les Provençaux de Mistral, et comme les Bretons, nous aussi Corses mettons-nous à l'ouvrage […]. Enseignée par l'affection de nos mères qui ne connaissaient ni grammaire, ni dictionnaire, cette langue doit retrouver une place d'honneur dans nos écoles et dans les livres […]. Laissons l'italien aux Italiens, le français aux Français et conservons intacte notre langue corse » (11).

15 Avec la mise en place du processus identitaire et la volonté de prouver qu'il existe véritablement en Corse, une Nation, un peuple, une langue, le journal A Tramuntana s'attache alors à démontrer l'affirmation d'une véritable identité culturelle et notamment historique. La place et le rôle de personnalités demeurées dominantes au sein des consciences collectives comme celle de Pascal Paoli, présenté comme le "Père de la Patrie" ou celle de Sampiero Corsu luttant contre Gênes, donc contre l'étranger, l'envahisseur, tiennent une place importante au sein du journal. L'identité qui s'affirme à travers l'histoire de l'île conduit également Santu Casanova sur les voies de l'anthropologie qui multiplient les articles sur les liens existant entre la langue et la race.

"Nous sommes de pure race latine et les Français sont nos cousins par alliance, éloignés" (12).

16 Cette volonté d'affirmation d'identité particulière fondée sur la reconnaissance d'une race corse est reprise en 1914, par la revue A Cispra et par Petru Rocca, futur fondateur de A Muvra, qui publie à Paris un ouvrage intitulé "Les Corses devant l'anthropologie" (13). Elle cherche ainsi à mettre en exergue la spécificité insulaire et à répondre à la francisation de l'île définie selon les termes de l'unité et de l'indivisibilité de la République.

« La population corse est une race des moins métissées qui existent. De cette pureté résulte une dissemblance des mœurs, sensible avec la plupart des groupes voisins, mais profondément marquée avec la population française mélangée par de nombreux apports » (14).

17 Avec la républicanisation de la Corse et son œuvre de francisation, la langue devient dès lors pour Santu Casanova le seul outil permettant d'affirmer une différence face à l'intrusion de l'Etat au sein de la sphère privée. Reconquérir une identité pour s'affirmer contre l'Etat doit aussi permettre selon l'auteur de créer un rapport de force nécessaire à une prise en compte du problème corse.

18 "Actuellement en France, il y a une question juive, une fois que cette question sera terminée, viendra la question corse" indique Santu Casanova15. Car en cette fin du XIXème siècle, nous l'avons vu, la Corse est profondément déstabilisée économiquement par une grave crise agricole. Le thème de l'île oubliée et délaissée se développe au sein de la presse conservatrice et correspond aussi pour le journal de Santu Casanova à un sursaut de xénophobie à l'encontre des travailleurs immigrés dans l'île c'est-à-dire les Italiens, appelés plus communément Lucquois (I Lucchesi) du fait de leur région d'origine qui, pour la grande majorité d'entre eux, est celle de Lucques près de Pise.

19 Santu Casanova reporte sur l'étranger, le mépris que subit, d'après lui, le peuple corse de l'Etat-Nation centralisateur. Les difficultés économiques viennent alors se greffer sur cette aspiration à une reconnaissance culturelle et à une reconsidération identitaire. Les Lucquois nécessaires à l'économie deviennent rapidement gênants. Travailleurs agricoles temporaires, "i lucchesi” , fuyant la misère pour la quasi-majorité, les immigrés italiens qui débarquent dans l'île pour effectuer différents travaux saisonniers sont alors accusés de tous les maux comme ceux notamment d'être des vecteurs de maladies, de violences, de rapineries ou encore celui d'usurper le droit au travail des insulaires (16).

"Si la majorité nous donne l'exemple du travail et de l'économie, l'on trouve aussi des oiseaux maudits qui méritent d'être exterminés avec des petites balles n°10 comme les renards dans les vignes" (17).

20 La migration nécessaire des Corses vers le continent ou les colonies provoque pour Santu Casanova un bouleversement des mœurs. Ces changements introduisent pour l'auteur de nouvelles habitudes qui ne sont pas acceptées par tous, et il admet mal la différence culturelle qui peut exister entre deux Corses :

"La Corse n'a plus d'habitants car ils partent tous, et si il en revient, quelques-uns, ils reviennent abâtardis de langue, d'habitudes et de caractère […]. La société insulaire se sentant en danger, tout doit être fait pour préserver son authenticité"18, indique l'auteur au début du XXème siècle.

21 Avec la crise économique, les pratiques politiques républicaines nationales et l'exode des Corses, le rappel du prix du sang payé par les Corses sur les champs de batailles, au Mexique, en Crimée, en Italie, durant la guerre de 70, au Tonkin, en Tunisie, en Afrique noire ou à Madagascar, permet à l'auteur d'accentuer l'injustice dont sont victimes les Corses mais également de renforcer le thème de l'identité. Santu Casanova rend alors les élus et l'Etat responsables de la situation critique de l'île et l'état d'abandon dans lequel est laissé le département par les autorités gouvernementales (19). La France n'est plus présentée comme une "Madre Patria" (Mère-Patrie) mais comme une "Matrigna" (une Marâtre) synonyme de misère pour l'île (20). Dans ce rapport à l'Etat, se perçoit alors un appel à la rupture, un appel à l'autonomie et à l'indépendance.

"Les Français développent en Corse le fonctionnarisme avec l'idée fixe que la nomination d'un garde champêtre ou d'un garde-chiourme pour les condamnés, suffit pour faire le bonheur de notre pays. Mais ils se trompent. Nous les descendants et admirateurs du Grand patriote Paoli, nous réclamons notre indépendance, notre autonomie. Nous sommes Corses avant tout et nous voulons notre liberté […]. Quand nous nous serons mis en tête que nous faisons venir inutilement du continent tout ce qui est nécessaire à l'alimentation, quand nous nous serons bien convaincus de cette idée, que le fonctionnarisme porte notre peuple à la ruine et qu'il est plus lucratif de travailler ses terres en toute indépendance que de servir comme les derniers esclaves, dans une quelconque administration, alors la Corse sera libre, la Corse sera riche. L'autonomie de l'île sera proclamée, nous ne serons plus les esclaves d'aucune nation […]. Nous sommes Corses et nous voulons vivre libres et sans chaînes" (21).

22 La première guerre mondiale met fin aux revendications de Santu Casanova.

23 De 1919 à 1940, le renouveau culturel en langue corse s'exprime au travers de la revue A Muvra (le mouflon(22) )á fondée en 1920. Son directeur Petru Rocca, assisté de son frère Mathieu et d'un petit groupe, comme lui, d'anciens combattants23 décorés et blessés24, entend positionner son journal comme un organe de défense des revendications insulaires. En 1922, A Muvra financée par le parfumeur François Coty est transférée à Ajaccio, avec la ferme intention de regrouper tous les éléments régionalistes sensibles aux idées avancées par le journal (25).

24 Durant le mois d'octobre, de cette même année, Petru Rocca et ses plus fidèles lieutenants créent Le Partitu Corsu d'Azione qui regroupe, à l'origine, un nombre restreint de participants composé de journalistes, d'écrivains, de poètes, de professions libérales, de fonctionnaires et d'étudiants (26). Les statuts du Partitu Corsu d'Azione sont explicites. Le corsisme doit :

"contribuer au relèvement intellectuel, économique et social de la Corse et mettre fin au marasme dont elle souffre" (27).

25 Profondément imprégné par les idées de Santu Casanova, Petru Rocca reprend alors dans les colonnes de son journal les principaux thèmes véhiculés (28) par son "maître" à la fin du XIXème siècle. "Une Nation, un Peuple, une Langue, une Histoire et une Religion" deviennent alors les pivots centraux de toute la pensée corsiste de l'entre-deux-guerres. Pour P. Rocca :

"la Corse n'est pas un département français, c'est une Nation vaincue qui doit renaître"29 et la "population corse est le résultat du mélange de deux éléments et une des moins métissées qui existent" (30).

26 Petru Rocca revendique également un enseignement du corse à tous les degrés, une Université et une administration bilingue :

"La lingua nostra est le meilleur de notre patrimoine […]. Lorsque la langue meurt la Nation n'a plus qu'à se chercher un tombeau" (31).

27 Alors que P. Paoli appelé "U babbu di a Patria" (Père de la Patrie) est présenté comme le véritable héros de l'indépendance, la bataille de Ponte Nuovo et la Révolution française qui scellent l'ancrage de l'île à l'ensemble national, sont en revanche, pour les Muvristes, le point de départ de tous les maux. Les Corses sont de ce fait les plus grandes victimes de l'esprit de 1789 :

"L'assimilation et l'égalitarisme révolutionnaire nous ont valu des maisons en ruines, des villages déserts, la malaria et de nombreuses guerres que l'œil sanglant du jacobinisme a déchaîné sur le monde" (32).

28 Dans une vieille terre du catholicisme, la mise en place d'une république laïque ne s'effectue pas sans heurts dans le camp des corsistes. En 1925, ces derniers, après deux années de souscriptions, érigent une croix commémorative sur les lieux des combats de Ponte Nuovo où l'armée de Paoli fut battue.

29La pensée de A Muvra est profondément inscrite à l'intérieur d'un courant idéologique national véhiculé par la pensée maurassienne, au sein de l'Action Française de la fin du XIXème siècle au régime de Vichy. Comme l'Action Française, le Corsisme demeure un mouvement d'intellectuels qui manipulent plus facilement le verbe que l'épée.

30À travers la lecture de A Muvra se dessinent progressivement les contours d'une idéologie contre-révolutionnaire à laquelle adhèrent progressivement P. Rocca et ses proches collaborateurs et dont les bases reposent sur les dogmes fondamentaux qui structurent l'univers politique des consciences de la droite extrême : rejet de 1789 et du principe d'égalité sociale et politique ; adversaire du principe démocratique ; partisan pour un régime d'ordre, d'autorité et de religion ; et enfin, défenseur d'une société de groupes humains, de Nations et de races.

31 Toutefois, force est de constater que le régionalisme des années vingt, qui à l'origine ne remet pas en cause l'attachement de l'île à la France (33), cède rapidement la place à une radicalisation des discours. Cette dernière s'inscrit, pour les partisans de P. Rocca, dans un processus politique qui doit permettre à l'île d'accéder au statut d'autonomie administrative.

32 Durant le mois de novembre 1926, le Partitu Corsu d'Azione devient le Partitu Corsu Autonomista. Pour A Muvra, organe de presse du Partitu Corsu Autonomista, nombreux sont alors les articles qui reprennent les principes de T. Wilson "du droit de tous les peuples à disposer d'eux-mêmes" afin de justifier pleinement "chez les Corses ce souci de l'avenir national, ainsi que leurs aspirations à la plus large des autonomies"34. À l'origine, cependant, l'autonomie pour les Muvristes se doit seulement, dans un premier temps, d'œuvrer en faveur de la sauvegarde de l'identité.

33 Cependant, alors que le thème de l'identité n'est pas développé en tant que rupture avec la Nation tout entière, se développe parallèlement :

"une doctrine proprement nationaliste dont la revendication fondamentale n'est autre chose que la maîtrise du destin de la collectivité insulaire" (35).

34 Pour P. Rocca :

"la Corse a un passé de Nation, né d'événements complètement étrangers à l'histoire de France. Elle possède les caractéristiques d'une nationalité répondant aux définitions modernes : elle forme un ensemble géographique parfait ; par son peuple, par sa langue, par sa race, par son caractère, par ses coutumes, par ses traditions" (36).

35 En 1935, A Muvra lance un appel au séparatisme, comme réponse au climat de crise qui sévit dans l'île :

"Nous ne voulons plus de gouvernements d'hommes étrangers à notre pays, à notre race. Nous voulons un gouvernement corse, en Corse, pour être gouvernés par des hommes de chez nous, que nous connaîtrons, que nous aurons choisi et que nous pourrons contrôler. Nous voulons un gouvernement corse, parce que nous sommes une vieille nation qui a son histoire et sa langue et qui a été indépendante et heureuse avant de devenir française par force"(37).

36 Cette volonté d'indépendance vis-à-vis de la France s'élabore en même temps que se met en place une certaine forme de complaisance pour l'Italie de Benito Mussolini. C'est aussi en 1935, que Francesco Guerri, professeur à Livourne et maître d'œuvre de la politique extérieure de Mussolini en matière d'irrédentisme, organise une tournée triomphale en Italie du poète et membre du Partitu Corsu Autonomista, Santu Casanova, avec, pour couronnement du séjour, une entrevue avec le Duce. L'année suivante, lors du Front populaire, Santu Casanova retourne en Italie pour s'y installer définitivement.

37 Si l'adhésion de Santu Casanova au régime mussolinien est saluée par la presse fasciste comme une grande victoire, elle l'est également par les partisans de P. Rocca qui reproduisent à travers les colonnes de A Muvra, toutes les déclarations anti-françaises et anti-républicaines du vieux poète (38).

38 En 1938, lors de la crise tchécoslovaque, après avoir également soutenu la politique d'Anschluss et pris la défense des Sudètes, la dérive sémantique du journal est alors palpable. Les articles s'imprègnent de plus en plus d'antisémitisme, de xénophobie, pour dénoncer "les agents provocateurs judéo-maçons" (39). Durant cette même année, P. Rocca est rayé de l'ordre de la Légion d'honneur pour la menace qu'il porte à l'intégrité nationale. L'année suivante, après de multiples saisies et perquisitions, les autorités françaises interdisent, la parution du journal (40). À la veille du second conflit mondial, A Muvra n'est plus composée que par une minorité d'individus41.

39 Si l'unité nationale est loin d'être établie à la fin du XIXème siècle, en ce qui concerne la langue française et son utilisation, force est de constater que la Corse n'est pas le seul département revendiquant une identité autonome. La Bretagne voit la création de l'Union régionaliste bretonne en 1898 et l'Appel au peuple breton mais aussi le pays basque où le Parti National Basque est fondé en 1895.

40 Dans l'île, le journal de Santu Casanova ne fédère pas un groupe suffisamment important pour remettre en question les assises de la République. De ses proches collaborateurs, ne peut se dégager, avant-guerre, de parti véritable. Le journal disparaît en 1914. Sa parution ne reprendra que quelques mois en 1919. Néanmoins les bases d'un autonomisme, où la langue constitue l'un des vecteurs importants de l'identité, sont lancées. Elles serviront de point d'ancrage au régionalisme naissant de l'entre-deux-guerres.

41 Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'archaïsme, la faiblesse et les difficultés des structures économiques, le maintien des rapports clientélistes et d'échanges, le déficit démographique mais également l'émigration conjuguée aux pertes humaines lors du conflit, à l'origine d'un malaise profond, constituent le terreau idéal pour l'éclosion des idées autonomistes d'avant 1914 par l'intermédiaire du journal A Muvra.

42 À l'origine les partisans de l'autonomie ne s'inscrivent pas dans un processus de rupture avec l'Etat et la Nation. Mais l'évolution du contexte politique national, la victoire des gauches lors du Front populaire et la définition nouvelle des données politiques européennes, liées à la montée du fascisme, conduisent certains d'entre eux à quitter les chemins de l'autonomie pour rejoindre les voies de l'irrédentisme, jetant ainsi, pour de nombreuses années, le discrédit sur le processus d'autonomie administrative et politique de l'île.

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Notes

1 - Sur la construction des mythes Paoli, se référer à l'article d'Ange Rovere, "Pascal Paoli : de l'Histoire aux mythes", revue Panoramiques, n° 53, Editions Corlet, 2001, p. 90 à 101.
2 - Afin d'en mesurer pleinement la portée, il convient de se reporter aux multiples débats qui ont eu lieu, avant le vote du projet de loi sur la Corse, au sein de la société française durant les années 2000/2001 au sujet de l'enseignement de la langue corse dans les écoles maternelles et primaires de l'île. Le 22 mai 2001, à l'Assemblée nationale, le projet de loi sur la Corse était adopté par 287 voix pour et 212 contre sur 567 votants et 540 suffrages exprimés. Parmi les points qui composaient le statut de la Corse figurait notamment l'article n°7 sur l'enseignement de la langue corse dans les écoles maternelles et primaires. Cet article avait suscité de multiples débats au sein de la société française et nécessité deux nouvelles rédactions avant son adoption définitive. En effet, si le texte initial prévoyait que "la langue corse est enseignée dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires à tous les élèves, sauf volonté contraire des parents", de nombreuses voix, dépassant les traditionnels clivages politiques, s'étaient élevées pour dénoncer le caractère quasi-obligatoire de cet enseignement. Au sein de la commission des lois de l'Assemblée nationale, José Rossi, député corse du groupe Démocratie libérale, déposait un premier amendement qui stipulait "la langue corse est une matière proposée à tous les élèves dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires". Le texte de l'article n°7 subissait une nouvelle modification pour être finalement adopté, dans l'hémicycle du Palais Bourbon, sur le modèle de la formulation en vigueur en Polynésie. La rédaction en fut alors la suivante : "la langue corse est une matière enseignée dans le cadre de l'horaire normal des écoles maternelles et élémentaires".
3 - De 1890 à la Première Guerre mondiale, le dépeuplement de l'île devient une constante. La Corse enregistre alors une moyenne annuelle de 1800 départs. En 1891, près de 45 150 personnes nées en Corse sont établies dans de nombreux départements : 24500 dans les Bouches-du-Rhône, 4000 dans le Var, 2200 dans les Alpes-Maritimes, 1200 dans le Vaucluse, 900 dans l'Hérault, 750 dans le Gard, 1000 dans le Rhône, 5000 dans la région parisienne et 5600 dans les autres départements. D'après F. Pomponi (sous la direction), Le Mémorial des Corses, t.4, 1990, p. 436 à 458. Il convient de souligner également qu'une forte présence corse est attestée dans les colonies, les départements d'Afrique du Nord, ou dans des contrées encore plus lointaines, l'Amérique du Sud ou les Antilles.
4 - La République du 5 juin 1897, Archives départementales de la Corse du Sud, série n° 654. Il s'agit de la traduction en français des écrits de Santu Casanova. Nous procèderons de la même manière par la suite.
5 - Cf. J-P. Pellegrinetti, La République aréniste et les colonies, 1881-1908, catalogue Corse-Colonies, Editions Albiana/Musée de la Corse, 2002, p.57 à 77.
6 - A Tramuntana paraît du 11 octobre 1896 au 23 octobre 1919. Cf. le mémoire de maîtrise de Marie-Pierre Valli, Une société en crise, la société corse à la fin du XIXe siècle, vue par un journal, A Tramuntana (1896-1914), Université d'Aix-en-Provence, 1991. Pierre-Toussaint Casanova est né à Azzana dans le canton de Salice le 3 juillet 1850. Elevé à Arbori, dans le canton de Vico, dès l'âge de 8 ans, le jeune Santu Casanova est scolarisé chez les Frères des écoles chrétiennes de Vico où il reçoit un enseignement essentiellement en langue italienne. Ses premiers essais poétiques se font dans la langue de Dante et il publie ainsi différents poèmes en italien entre 1876 et 1892 avant de fonder en 1896 son journal en langue corse. Il publiera l'ensemble de ses poèmes, rassemblés dans un ouvrage intitulé Fiori di Cirnu, à Bastia en 1930, après les avoir traduits en corse.
7 - A Tramuntana du 11 octobre 1896. Bibliothèque nationale, série Jo 11003.
8 - M. Casta, Le prêtre corse au 19ème siècle, Septentrion, 1997, p. 27.
9 - Z. Sternhell, La Droite révolutionnaire, 1885-1914, Editions du Seuil, 1978,
10 - M. Winock, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Collections Points Histoire, Editions du Seuil, 1982, p. 273.
11 - S. Casanova, "A lingua corsa", dans Primavera Corsa, Imprimerie Cordier, Bastia, 1927, p .237.
12 - A Tramuntana du 30 novembre 1899. Bibliothèque nationale, série Jo 11003.
13 - P. Rocca, Les Corses devant l'anthropologie, Gamber, 1913.
14 - A Tramuntana du 21 novembre 1901. Bibliothèque nationale, série Jo 11003.
15 - A Tramuntana du 30 octobre 1898. Bibliothèque nationale, série Jo 11003.
16 - En 1895, d'après un rapport préfectoral, sur un total de 12 518 étrangers de diverses nationalités recensées dans l'île, 12 388 sont des italiens. Archives départementales de la Corse du sud, série 4 M 277.
17 - A Tramuntana du 19 juillet 1902. Bibliothèque nationale, série Jo 11003.
18 - A Tramuntana du 21 novembre1901. Bibliothèque nationale, série Jo 11003.
19 - L'éditorial du 25 octobre 1906 est placé sous le signe évocateur de Un paese abbandunatu (Un pays abandonné), Bibliothèque Nationale, série Jo 11003.
20 - M-P. Valli, Une société en crise, la société corse à la fin du XIXe siècle, vue par un journal, A Tramuntana (1896-1914), op. cité, p. 350.
21 - A Tramuntana du 13 novembre 1898. Bibliothèque Nationale, série Jo 11003.
22 - Cf. A Muvra du 1er septembre 1920. Bibliothèque nationale, série Jo 30592. Notamment l'article de la comparaison entre la description d'un mouflon enfermé, observé au Jardin des plantes de la capitale et le peuple corse.
23 - Mobilisé en 1914, Petru Rocca est lieutenant à la fin du conflit et décoré de la Légion d'honneur.
24 - Archives Nationales, série F/1CIII/1127.
25 - Archives Nationales, série F7 12737.
26 - F. Pomponi, « Le régionalisme en Corse dans l'entre-deux-guerres (1919-1939)», dans Régions et régionalisme en France du XVIIIème siècle à nos jours, PUF, 1977, p. 398, indique notamment aux côtés des frères Rocca : N. Susini (alias J. Maki), H. Yvia-Croce, D. Massa, P. Bonardi, F. Dominique, D. Versini (alias Maistrale), M. Angeli, l'abbé D. Carlotti (Martinu Appinzapalu), M. Torre, P. Graziani, Dr Chiappini et Orsini d'Ampugnani.
27 - Archives départementales de la Corse du Sud, série 1M 190.
28 - Cf. Antoine Leca, A Muvra ou le procès de la France par les autonomistes corses (1920-1939), Association Française des Historiens des Idées Politiques, Colloque de Toulouse, des 11, 12 et 13 avril 1991, Presses universitaires d'Aix Marseille,1992, p. 326 à 350 et Antoine Leca, A Muvra ou l'autonomisme corse de la réhabilitation de l'Italie à la tentation fasciste (1920-1939), Association Française des Historiens des Idées Politiques, Colloque de Nice, des 17, 18 et 19 septembre 1992, Presses universitaires d'Aix Marseille,1993, p. 405 à 430.
29 - A Muvra du 1er février 1921. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
30 - A Muvra du 1er mars 1938. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
31 - A Muvra du 27 janvier1924 et du 8 janvier 1922. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
32 - A Muvra du 10 mai 1928. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
33 - "On peut aimer la France et l'admirer et risquer la mort pour elle, sans abdiquer le sentiment national corse". A Muvra du 27 mai 1923. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
34 - A Muvra du 8 août 1921. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
35 - H. Yvia-Croce, 20 années de corsisme (1920-39), Chronique corse de l'entre-deux guerres, Ajaccio, Editions Cyrnos et Méditerranée, 1979, p. 13.
36 - A Muvra du 6 avril 1930. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
37 - A Muvra du 24 février 1935. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
38 - Santu Casanova décède huit semaines après son arrivée en Toscane à l'âge de 86 ans.
39 - A Muvra du 10 février 1939. Bibliothèque nationale, série Jo 30592.
40 - Cf. Arrêté. Archives départementales de la Corse du Sud, série 1M 191.
41 - En 1946, lors du procès de A Muvra, Petru Rocca est condamné à 15 ans de prison. .
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Pour citer cet article

Référence papier
Jean-Paul Pellegrinetti, « Langue et identité : l'exemple du corse durant la troisième république », Cahiers de la Méditerranée, 66 | 2003, 265-277.
Référence électronique
Jean-Paul Pellegrinetti, « Langue et identité : l'exemple du corse durant la troisième république », Cahiers de la Méditerranée [En ligne], 66 | 2003, mis en ligne le 21 juillet 2005, consulté le 29 décembre 2015. URL : http://cdlm.revues.org/116" onclick="window.open(this.href);return false;
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Mercutio
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da Mercutio »

Je me suis pas mal intéressé au Corsisme. Déjà nous on y voit beaucoup de politique car on aime ça, mais ces journaux resteront avant tout des trésors poétiques avec une qualité d'écriture et un vocabulaire absolument magnifique. Je me suis documenté moi-même puis j'ai un ami prof de corse qui m'a fait découvrir d'autres textes, c'est là qu'on comprend que le corse comme il existait avant ne reviendra plus jamais -:db- . Bref sauvons encore ce qui peut l'être ce sera déjà pas mal.


Les idéologies de Santu Casanova et de Petru Rocca sont des idéologies nationalistes, anti-républicaines et conservatrices, qui mènent parfois au rejet de l'étranger c'est vrai. Elles sont d'abord le fruit de la pensée de Maurice Barrès, encore plus que celle de Drumont comme c'est dit dans le texte. Même dans la dialectique c'est très proche, d'ailleurs en Corse ce sentiment (notamment sur "La terre et les morts") est resté très ancré encore aujourd'hui. On note donc que déjà à l'époque, on était sur un mouvement importé.


Par rapport à ce qui se passe aujourd'hui, il y a évidemment des ressemblances avec ces idéologies mais pas totalement. Aujourd'hui on est plus sur une ligne moins racialiste, moins traditionaliste et beaucoup moins "intellectuelle" mais plutôt anti-immigrée et anti-islam. Le "problème juif" comme on disait avant n'est jamais avancé par personne en Corse, les racines chrétiennes sont mentionnées mais beaucoup plus par rapport au culturel qu'au spirituel. Elles sont souvent une réaction par rapport à la montée de l'islamisme. A ce titre, je vous invite à lire un texte de Martinu Appinzapalu "E feste di Natale" dans A Muvra de 1935, ou on y mesure le fossé entre nos 2 époques, même pour les plus "identitaires" d'entre nous. C'était un mouvement incroyablement anti-moderniste, comme il ne pourrait plus exister aujourd'hui. Je ne porte pas de jugement de valeur sur tout cela d'ailleurs, c'est trop compliqué pour nous de se replacer dans le contexte.


Les seules personnes qui se rapprochent le plus de cette idéologie que je connaisse ne sont pas corses mais françaises (Henri de Lesquen, l'Action Française et un peu Bruno Gollnisch)


Pour résumer, ce qu'on voit aujourd'hui en Corse c'est plus un mouvement importé qui traverse toute l'Europe (le Vlaams Belang, la ligue du Nord, une partie du FN...), qu'une idéologie corso-corse. Donc je suis plutôt d'accord avec JGT.
Et ce même si c'est vrai qu'il y a des ressemblances indéniables avec le Corsisme.
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da libertà per i patriotti »

Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
CORSI DI U MONDU : IL FAUT RENTRER.
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Mercutio
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da Mercutio »

libertà per i patriotti a écrit :Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
Dire que les évenements d'Ajaccio et Santu Casanova c'est pareil, ce n'est pas exact non plus.
JGT joue sur les différences de forme, d'époque, de niveau intellectuel, et sur les nuances que j'ai mentionnées au-dessus. Mais il y a une forme d'hypocrisie chez lui c'est pas faux.
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da a muvra 1929 »

Enfin quelqu'un qui sait de quoi il parle
Santu Casanova est considéré comme le meilleur écrivain corse. Il est un de mes préféré avec Martinu Appinzapalu (Dumenicu Carlotti) qui on permis aux gens de se rendre compte qu'il y avait une langue corse et qu'elle était riche et etait le socle de notre identité contrairement ce que voulais faire croire l'État. La langue c'est le français le corse est un patois c'est une honte de le parler. Idée encore présente aujourd'hui

On retrouve quand même les même problèmes qu'il y a 1 siècle
-région sous peuplévet sous développée
-système politique claniste à la botte de l'État
-question de la place de la langue dans la société
-Colonisation de peuplement

Après bien-sûr qu'il y a des idéologies importées de tout courants

Mais beaucoup de gens pensent et réagissent sans avoir besoin de groupes, partis, qui vont te dire quoi penser et quoi faire. Il y a beaucoup de libres penseurs tout comme de gens influençables

Pour les politiques il faut à tout prix classer les brebis égarées dans un groupe. C'est soit tu es avec eux soit tu es contre eux.

Pourtant adhérer s'est s'empêcher toute évolution
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da a muvra 1929 »

Mercutio a écrit :
libertà per i patriotti a écrit :Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
Dire que les évenements d'Ajaccio et Santu Casanova c'est pareil, ce n'est pas exact non plus.
JGT joue sur les différences de forme, d'époque, de niveau intellectuel, et sur les nuances que j'ai mentionnées au-dessus. Mais il y a une forme d'hypocrisie chez lui c'est pas faux.
On ne parle pas des événement mais des idées racistes qui ne plaisent pas à la franc maçonnerie et aux cocos. Beaucoup de gens le sont, c'est comme ça et ce n'est pas en les culpabilisant qu'ils vont rentrer dans le rang ou changer d'idées
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Mercutio
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da Mercutio »

a muvra 1929 a écrit :
Mercutio a écrit :
libertà per i patriotti a écrit :Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
Dire que les évenements d'Ajaccio et Santu Casanova c'est pareil, ce n'est pas exact non plus.
JGT joue sur les différences de forme, d'époque, de niveau intellectuel, et sur les nuances que j'ai mentionnées au-dessus. Mais il y a une forme d'hypocrisie chez lui c'est pas faux.
On ne parle pas des événement mais des idées racistes qui ne plaisent pas à la franc maçonnerie et aux cocos. Beaucoup de gens le sont, c'est comme ça et ce n'est pas en les culpabilisant qu'ils vont rentrer dans le rang ou changer d'idées
Justement je ne crois pas que la plupart des gens soient racistes aujourd'hui loin de là. Il y a par contre un fort sentiment islamophobe et un rejet de l'immigration de masse, ce n'est pas la même chose.
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arrabiatu
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da arrabiatu »

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Mercutio
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

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jibee
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da jibee »

a muvra 1929 a écrit :
Mercutio a écrit :
libertà per i patriotti a écrit :Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
Dire que les évenements d'Ajaccio et Santu Casanova c'est pareil, ce n'est pas exact non plus.
JGT joue sur les différences de forme, d'époque, de niveau intellectuel, et sur les nuances que j'ai mentionnées au-dessus. Mais il y a une forme d'hypocrisie chez lui c'est pas faux.
On ne parle pas des événement mais des idées racistes qui ne plaisent pas à la franc maçonnerie et aux cocos. Beaucoup de gens le sont, c'est comme ça et ce n'est pas en les culpabilisant qu'ils vont rentrer dans le rang ou changer d'idées
Ah bon si tu n es pas racistes, tu es soit un franc maçon soit un communiste...
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S*CB
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da S*CB »

jibee a écrit :
a muvra 1929 a écrit :
Mercutio a écrit :
libertà per i patriotti a écrit :Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
Dire que les évenements d'Ajaccio et Santu Casanova c'est pareil, ce n'est pas exact non plus.
JGT joue sur les différences de forme, d'époque, de niveau intellectuel, et sur les nuances que j'ai mentionnées au-dessus. Mais il y a une forme d'hypocrisie chez lui c'est pas faux.
On ne parle pas des événement mais des idées racistes qui ne plaisent pas à la franc maçonnerie et aux cocos. Beaucoup de gens le sont, c'est comme ça et ce n'est pas en les culpabilisant qu'ils vont rentrer dans le rang ou changer d'idées
Ah bon si tu n es pas racistes, tu es soit un franc maçon soit un communiste...
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da libertà per i patriotti »

Paoli était l'homme des Lumières, de la tolérance religieuse, du pouvoir partagé avec le peuple... Et de la ghjustizia paolina. Il était progressiste et autoritaire à la fois.

Santu Casanova père fondateur de la mise en écriture du corse était très à droite.

A Muvra et le corsisme vantaient la race corse, ses traits moraux et même physiques. Ca quand même duré de 1920 à 1940. Il y a eu certes la dérive irrédentiste. Mais qui peut nier leur patriotisme et leur légitimité ?

Le FLNC s'est toujours partagé entre droite et gauche, gens du GUD et maoïstes dès le départ, un communiqué récent du Front parlait de "libanisation de la société corse". Pour connaître des gens qui y étaient, et des jeunes, je peux dire que plusieurs d'entre eux ne sont en rien des "gauchots" et je m'arrêterai là.

La réalité c'est que nous sommes une chose ET l'autre. Passer nos journées à insulter les natios de gauche ou à insulter les natios de droite est une connerie. Si Jean-Guy préfère simplifier c'est son droit et comme je l'ai dit l'urgence du moment et les tentatives de sabotage le justifient amplement.

Mais l'avenir, c'est la prise en compte de notre diversité (y compris par nous-mêmes simples militants ou électeurs) et l'élaboration d'une feuille de route patriotique commune.

Corsica Libera, qui s'est fait vomir dessus après ses mesures courageuses annoncées récemment, va à mon avis dans le bon sens, loin des groupuscules d'ultra gauche et d'ultra droite type A Manca, l'horrible VNC ou même CPN (qui est quand même beaucoup moins con que le précédent).

Après, ceux qui attendent qu'ils déclarent une guerre ouverte à l'islam sont à mon avis dans le faux, de même que ceux qui voudraient les voir renier toutes leurs mesures récentes car "trop à droite". Il n'y a qu'à lire l'article récent de Biancarelli pour avoir un exemple précis de ce que peut être un type nuisible pour le mouvement car bien trop clivant. Qu'il ne s'en revendique plus depuis longtemps est d'ailleurs un signal particulièrement positif.

Assumons notre pluralité, là est la seule vraie nature HISTORIQUE de notre nationalisme. Optons pour le juste milieu des idées, acceptons de part et d'autre certaines concessions, et avançons ensemble.

Sinon, continuons de bander sur le vrai le faux, le juste l'injuste, le légitime l'illégitime, le pur l'impur, et creusons collectivement notre propre fosse.
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a muvra 1929
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da a muvra 1929 »

jibee a écrit :
a muvra 1929 a écrit :
Mercutio a écrit :
libertà per i patriotti a écrit :Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
Dire que les évenements d'Ajaccio et Santu Casanova c'est pareil, ce n'est pas exact non plus.
JGT joue sur les différences de forme, d'époque, de niveau intellectuel, et sur les nuances que j'ai mentionnées au-dessus. Mais il y a une forme d'hypocrisie chez lui c'est pas faux.
On ne parle pas des événement mais des idées racistes qui ne plaisent pas à la franc maçonnerie et aux cocos. Beaucoup de gens le sont, c'est comme ça et ce n'est pas en les culpabilisant qu'ils vont rentrer dans le rang ou changer d'idées
Ah bon si tu n es pas racistes, tu es soit un franc maçon soit un communiste...
Bienvenu sur camperemu.
Non mais bonjour les raccourcis. Où j'ai dis ça ? Je dis que ceux qui font du tapage anti raciste le font par rapport à leur doctrine et veulent l'imposer à la population
Tu n'es pas raciste, ou tu l'es, c'est ton point de vue. Mais celui qui s'acharne à affirmer qu'il a la pensée unique et tous ceux qui pensent différemment doivent être montés du doigt, voir pire, là c'est une dérive...
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da libertà per i patriotti »

a muvra 1929 a écrit :
jibee a écrit :
a muvra 1929 a écrit :
Mercutio a écrit :
libertà per i patriotti a écrit :Il suffit d'avoir lu Santu Casanova et Petru Rocca pour savoir que Jean-Guy (qui les a lus) fait de la politique politicienne en disant ça.

Vu le moment, néanmoins, je me mets à sa place.
Dire que les évenements d'Ajaccio et Santu Casanova c'est pareil, ce n'est pas exact non plus.
JGT joue sur les différences de forme, d'époque, de niveau intellectuel, et sur les nuances que j'ai mentionnées au-dessus. Mais il y a une forme d'hypocrisie chez lui c'est pas faux.
On ne parle pas des événement mais des idées racistes qui ne plaisent pas à la franc maçonnerie et aux cocos. Beaucoup de gens le sont, c'est comme ça et ce n'est pas en les culpabilisant qu'ils vont rentrer dans le rang ou changer d'idées
Ah bon si tu n es pas racistes, tu es soit un franc maçon soit un communiste...
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Non mais bonjour les raccourcis. Où j'ai dis ça ? Je dis que ceux qui font du tapage anti raciste le font par rapport à leur doctrine et veulent l'imposer à la population
Tu n'es pas raciste, ou tu l'es, c'est ton point de vue. Mais celui qui s'acharne à affirmer qu'il a la pensée unique et tous ceux qui pensent différemment doivent être montés du doigt, voir pire, là c'est une dérive...
MERCI.
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Re: Ideologie importée ? pas sûr

Message da a muvra 1929 »

libertà per i patriotti a écrit :Paoli était l'homme des Lumières, de la tolérance religieuse, du pouvoir partagé avec le peuple... Et de la ghjustizia paolina. Il était progressiste et autoritaire à la fois.

Santu Casanova père fondateur de la mise en écriture du corse était très à droite.

A Muvra et le corsisme vantaient la race corse, ses traits moraux et même physiques. Ca quand même duré de 1920 à 1940. Il y a eu certes la dérive irrédentiste. Mais qui peut nier leur patriotisme et leur légitimité ?

Le FLNC s'est toujours partagé entre droite et gauche, gens du GUD et maoïstes dès le départ, un communiqué récent du Front parlait de "libanisation de la société corse". Pour connaître des gens qui y étaient, et des jeunes, je peux dire que plusieurs d'entre eux ne sont en rien des "gauchots" et je m'arrêterai là.

La réalité c'est que nous sommes une chose ET l'autre. Passer nos journées à insulter les natios de gauche ou à insulter les natios de droite est une connerie. Si Jean-Guy préfère simplifier c'est son droit et comme je l'ai dit l'urgence du moment et les tentatives de sabotage le justifient amplement.

Mais l'avenir, c'est la prise en compte de notre diversité (y compris par nous-mêmes simples militants ou électeurs) et l'élaboration d'une feuille de route patriotique commune.

Corsica Libera, qui s'est fait vomir dessus après ses mesures courageuses annoncées récemment, va à mon avis dans le bon sens, loin des groupuscules d'ultra gauche et d'ultra droite type A Manca, l'horrible VNC ou même CPN (qui est quand même beaucoup moins con que le précédent).

Après, ceux qui attendent qu'ils déclarent une guerre ouverte à l'islam sont à mon avis dans le faux, de même que ceux qui voudraient les voir renier toutes leurs mesures récentes car "trop à droite". Il n'y a qu'à lire l'article récent de Biancarelli pour avoir un exemple précis de ce que peut être un type nuisible pour le mouvement car bien trop clivant. Qu'il ne s'en revendique plus depuis longtemps est d'ailleurs un signal particulièrement positif.

Assumons notre pluralité, là est la seule vraie nature HISTORIQUE de notre nationalisme. Optons pour le juste milieu des idées, acceptons de part et d'autre certaines concessions, et avançons ensemble.

Sinon, continuons de bander sur le vrai le faux, le juste l'injuste, le légitime l'illégitime, le pur l'impur, et creusons collectivement notre propre fosse.

Mais c'est pas celui qui a fait parti du mouvement à ses début, qui s'est battu, qui s'est mangé des années de prison qui me dérange. Même si son point de vue est différent du mien il est légitime. C'est la frange culturelle plus ou moins jeune qui la ramène avec ses beau discours bien-pensant et qui n'a jamais rien fait pour la Corse si ce n'est passer son temps à vomir sur tout le monde qui me casse les couilles. Tous ces mythos aux multiples comptes fb qui font de la propagande et ne sont bons qu'à diviser les gens en les traitant de connards et de fachos. Ils se la jouent révolutionnaires sud américain (rien à voir avec le contexte européen) et n'on jamais tiré une pierre sur un flic.

Moi mes amis n'ont pas forcément mes idées, soit je ne parle pas politique, soit j'échange dans le respect mutuel car ils savent écouter mes arguments et me donnent les leurs.
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